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OTAN/Russie : l’Opération Anaconda exacerbe les tensions

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L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) a lancé lundi 6 juin une opération d’exercices militaires – baptisée « Anaconda » – de vaste ampleur en Pologne. Pendant dix jours, 30 000 soldats, dont 14 000 américains, vont tester la coopération entre les troupes alliées en réponse aux menaces militaires ou même chimiques. Si l’initiative a été saluée par les États membres de l’OTAN, elle est vue d’un mauvais œil par la Russie. Cet entraînement peut être vu comme la cristallisation militaire des tensions russo-européennes, et plus largement des tensions entre les États-Unis et la Russie.

Des parachutistes des armées américaine, britanniques et polonaises, durant un exercice près de Torun (Pologne) le 7 juin 2016. (c) Tytus Zmijewski/EPA
Des parachutistes des armées américaine, britanniques et polonaises, durant un exercice près de Torun (Pologne) le 7 juin 2016. (c) Tytus Zmijewski/EPA

Pendant la Guerre froide, un tel exercice était nommé « manœuvres de printemps », et avait lieu régulièrement. C’était le temps de l’opposition entre l’Est et l’Ouest, entre le Pacte de Varsovie et l’OTAN. L’opération Anaconda est un des plus importants déploiements militaires de l’Alliance atlantique de ces dernières années, voire même un des plus massifs depuis 1989. En plus des soldats, 3000 véhicules, 105 avions et 12 navires seront déployés en Pologne. L’objectif premier avancé est de tester les forces de l’organisation, comme a souligné le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz : « Le but de l’exercice est de vérifier la capacité des pays de l’Alliance de défendre son flanc oriental ». Anaconda 2016 s’inscrit donc dans la lignée des trois semaines de manœuvre baptisées Spring Storm – Tempête de printemps – qui ont eu lieu en Estonie au mois de mai. Près de 6000 soldats originaires de pays membres de l’OTAN y ont participé.

Il s’agit donc d’évaluer la capacité défensive de l’OTAN. Elle doit être prête à contrer un ennemi probable, clairement identifié par l’assemblée parlementaire de l’Alliance atlantique le 31 mai dernier : la Russie. Ce jour-ci, le pays de Vladimir Poutine a été reconnu comme une « menace potentielle » pour les membres de l’OTAN. « Le défi en provenance de la Russie est réel et sérieux » avait alors affirmé le président de la dite assemblée, Michael Turner. Depuis le début de la crise ukrainienne en 2014, et l’annexion de la Crimée par la Russie, les pays d’Europe de l’Est sont inquiets. Il y a un besoin de « réassurance », devant venir de leurs alliés. En début d’année, le secrétaire d’État à la défense américain Ashton Carter avait annoncé que les investissements militaires des États-Unis seraient triplés dans cette région – passant ainsi de 789 millions de dollars à 3,4 milliards pour l’année fiscale 2017. C’est à présent au tour de l’OTAN de répondre. Cela sera sûrement fait lors du sommet de l’OTAN, prévu les 8 et 9 juillet prochains, à Varsovie.

Le gouvernement de V. Poutine n’a évidemment pas apprécié cette démonstration de force, qui prendra fin le 17 juin. Selon les responsables politiques russes, les inquiétudes de l’OTAN sont infondées.

Face à ces différents déploiements militaires,  Moscou a réagi. Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a déclaré qu’il n’y avait « pas de menaces dans cette partie du monde » qui justifieraient un développement et un renforcement de l’Alliance atlantique. La Russie s’oppose fermement à l’installation de bases militaires permanentes dans des États de l’ex-bloc soviétique. Cette contestation s’appuie sur les accords signés entre la Russie et l’OTAN en 1997, dans lesquels le stationnement permanent de troupes alliées à la frontière russe est interdit. Toutefois, une faille du texte a été exploitée par l’Alliance atlantique. Les quatre bataillons qui devraient être affectés dans cette région fonctionneront par « rotation » de six à neuf mois. Les États-Unis ont employé le même mécanisme pour prévoir la mise en place d’une brigade de blindée, d’ici janvier 2017, au sein des pays Baltes, de la Pologne et de la Roumanie.

Ce renforcement de la présence militaire de l’OTAN aux portes de la Russie a notamment pour objectif de décourager les possibles ambitions expansionnistes de V. Poutine. Certains pays – notamment l’Allemagne et la France – mettent en avant le fait que conserver un dialogue avec la Russie est également nécessaire pour éviter toute offensive militaire.

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